Que dirait Shakespeare devant
l’Europe? Son œuvre a marqué la culture de l’Europe du XVI siècle. Depuis
que ses créations ont fait le parcours de nombreux pays de l’Europe, il existe
cette idée que son œuvre aurait contribué à renforcer l’esprit identitaire de
l’Europe. Mais Shakespeare était britannique.
Quelques siècles plus tard, la
communauté internationale assiste à la séparation entre l’Angleterre et le
reste de l’Europe. Le résultat du dernier référendum a connu une couverture
médiatique mondiale et l’ampleur géopolitique de cette décision demeure encore
un mystère. S’imaginer le futur à partir du temps présent est comme créer une
pièce théâtrale.
Acte 1 : scène 1 - Le peuple
ouvre la porte à l’Europe
Au cours de 1975, le Royaume-Uni
fait face à un référendum et à cette époque les Anglais évitent la séparation
du reste de la CEE. Dans les années 70, le gouvernement de l’époque fait
plusieurs concessions afin de satisfaire les demandes des concitoyens. Le
Royaume-Uni dit ‘Oui’ à l’Europe. Les années 70 voient l’émergence d’un
partenariat économique avec l’Europe.
Acte 2 : scène 1 - Le mirage politique
Depuis les années 80, l’Europe
vit une évolution marquée par la création de diverses institutions et par les
enjeux socio-politiques qui affectent divers pays. Sur un fond d’aspirations
politiques, les leaders doivent affronter diverses crises et prendre des
décisions devient un défi. Alors que quelques pays comme la Grèce voient leur
économie suivre la montagne russe, les institutions européennes doivent prendre
des décisions pour affronter d’autres enjeux comme l’arrivée massive des
refugiés provenant du Moyen-Orient et de l’Afrique. Le leader britannique qui souhaite
obtenir plus d’influence auprès des institutions européennes, se propose de
consulter son peuple à travers un référendum. Le peuple doit ainsi se prononcer
sur le maintien ou le départ du Royaume-Uni du reste de l’Europe. La réponse du
peuple se révèle un retour aux sources patriotiques britanniques et marque la
fin de la coopération entre le Royaume-Uni et l’Europe.
Acte 2 : scène 2 - L’affirmation du peuple contestataire britannique
En ce qui concerne le référendum,
les citoyens anglais favorables à rester au sein de la zone de l’Europe ont
perçu que cette option pourrait consolider la position économique de leur pays.
À l’opposé, les citoyens favorables à quitter la zone de l’Europe ont considéré
que ce choix pourrait favoriser un meilleur contrôle de l’immigration et des
frontières du Royaume-Uni. La crise des refugiés ainsi que la centralisation de
la gestion des politiques ont accentué la tension dans la gouvernance
britannique. Le groupe d’âge 18-24 ans est celui qui était le plus favorable à
demeurer dans la zone de l’Europe. Par contre, les 65 ans (et +) ont manifesté
le désir de rester à l’écart de l’Europe. Les gens âgés qui semblent être très
patriotiques avaient diverses raisons pour voter pour le départ du Royaume-Uni
de la communauté de l’Europe. Les gens âgés entre 18 et 24 ans devront vivre
longtemps avec ses résultats qui vont transformer la vie britannique. Le nord
du Royaume-Uni (l’Irlande et l’Écosse) est demeuré en faveur de maintien des
relations avec les 27 pays restants de l’EU alors que le sud ont manifesté
l’intérêt de quitter l’Europe. Les britanniques sortent de ce référendum
divisés et l’Europe aussi. Coup de théâtre : l’Écosse menace de bloquer le
processus de séparation.
Acte 3 : scène 1 - L’éphémère politique
Au cours du dernier référendum,
le premier ministre britannique voulait obtenir plus de pouvoirs dans ses
relations avec l’Europe et en même temps affaiblir l’opposition. C’est dans le
présent que le premier ministre britannique décide de démissionner et il reste
au pouvoir jusqu’à l’automne de cette année. Son parti qui vit une crise
interne doit bientôt trouver un remplaçant pour diriger le pays.
Acte 3 : scène 2 – Le déchirement
Les répercussions de ce
référendum historique peuvent créer un effet domino. L’Écosse par exemple, qui
dispose du pouvoir de bloquer le retrait du Royaume-Uni du reste de l’Europe, pourrait
éventuellement vouloir se séparer du Royaume-Uni, alors que d’autres pays de
l’Europe pourraient manifester la volonté de se retirer de la zone euro. Pour
l’instant, les impacts économiques se traduisent par une chute de la monnaie
britannique dans la majorité des marchés financiers. Alors que les leaders
mêlent leur influence aux intérêts politiques, le portrait de la structure de
l’unité du Royaume-Uni et de l’Europe risque d’être marqué par les jeux de
pouvoir.
Les spectateurs du monde entier assistent
ainsi à une image de suspense où les plus grands leaders de l’Europe peuvent
construire ou déconstruire leur espace culturel et politique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire